Les différentes formations politiques de l’opposition montent au créneau fasse aux conditions dans lesquelles la commission électorale nationale indépendante CENI a procédé à l’élaboration de l’appel d’offres relative au recrutement d’un « cabinet d’ingénierie pour la fourniture d’une solution complète de gestion du fichier électoral biométrique de la République de Guinée ».
Il convient de rappeler que c’est l’audit du fichier électoral réalisé par un groupe d’experts internationaux qui a conclu à la nécessité de réviser le fichier électoral guinéen afin de le purger de ses anomalies, notamment :
- Plus de 1 564 388 électeurs inscrits dans le fichier sont sans empreintes digitales,
- Plus de 3 051 773 d’électeurs non dé doublonnés
- Plus de 3.000.000 d’électeurs sont nés entre un 1er janvier et un 1er juillet, et donc un peu plus de la moitié des électeurs ne peuvent pas produire un acte d’état civil avec une date de naissance exacte.
La décision d’auditer le fichier électoral guinéen émane de l’accord politique du 12 Octobre 2016. Cet accord a exigé un audit complet du fichier avant l’organisation des élections législatives.
Parmi les recommandations fortes dans le rapport d’audit à mettre en œuvre avant les élections législatives, on peut noter entre autres :
R1- Court terme: Au vu des doublons persistants du nombre de citoyens sans données biométriques et de décédés qui pourraient encore figurer dans la base des données, un contrôle physique de l’ensemble des électeurs s’impose. Chaque citoyen revient confirmer ou compléter ses données alphanumériques et biométriques pour qu’il soit maintenu dans la base.
R2- Court terme : Pour les prochaines opérations de révision ou d’enrôlement, demander à l’opérateur biométrique de conserver les données biométriques capturées et l’information sur la qualité de ces données pour garantir l’interopérabilité entre différents systèmes. Toutes les pièces justificatives des électeurs (formulaires, pièces d’identité) devraient être archivées numériquement et rattachées aux données de l’électeur.
En effet, dans le cadre de cet appel d’offres le Président de la CENI, a engagé des pourparlers avec un certain nombre de sociétés susceptibles de fournir l’expertise demandée, en violation flagrante du Code des Marchés Publics. Il en est de même de la violation des engagements pris par la CENI concernant la concertation avec les parties prenantes au processus électoral. Nous avons noté que la procédure de recrutement a été lancée sans information au préalable des partis de l’opposition politique.
En effet, à la date du 20 mai 2019, l’UFR a adressé un courrier au Président de la CENI pour exprimer son étonnement par rapport à la procédure parallèle et souterraine qu’il a initiée. Dans la lettre réponse, la CENI, s’est voulue rassurante en niant l’existence d’une telle procédure.
Pourtant, cette même CENI a adressé le 17 mai 2019 une demande de proposition à sept (7) sociétés pour l’attribution du marché.
L’UFDG, quant à elle, a saisi l’ARMP, pour dénoncer non seulement le caractère opaque et illégale de la procédure, mais aussi et surtout pour demander à l’ARMP de suspendre la procédure. Bien entendu, tous ces efforts ont été vains.
Cette procédure initiée de manière informelle et opaque a abouti le lundi 10 juin 2019 à l’ouverture des plis des 5 sociétés qui ont finalement soumissionné sur les sept (7) initialement listées par le Président de la CENI.
Par ailleurs, en ce qui concerne l’acquisition des Kits d’enrôlement, en violation du Code des Marchés publics, la CENI a pris contact avec une Société Sud-coréenne pressentie pour fournir ledit matériel. Cette négociation a été pilotée par le président de la CENI lors de son récent séjour à Paris.
En dépit de plusieurs alertes sous formes de mise en gardes faites au Président de la CENI, celui-ci a obstinément poursuivi sa démarche au mépris des règles élémentaires de transparence.
Face à cette situation d’une exceptionnelle gravité qui évoque pour nous de mauvais souvenirs, les partis de l’opposition politique condamnent avec la plus grande fermeté les comportements de la CENI et de son Président, Me Amadou Salif Kébé.
Les Partis de l’Opposition Politique prennent l’opinion nationale et internationale à témoin et rendent personnellement le Président de la CENI responsable des risques qu’il fait courir sur la crédibilité du processus électoral, gage de la stabilité et de la paix sociale dans notre pays.
Conakry, le 12 juin 2019
Ont signé,
Les Partis de l’Opposition Politique