A l’heure où le monde prône des sources d’énergie propres, le projet de construction d’un pipeline pour transporter le pétrole ougandais vers la Tanzanie suscite polémique et résistance de la part des militants écologistes. Ces derniers exhortent les banques en charge des levées de fonds de mettre fin à leur engagement face au scénario de désastre écologique qui résulterait de la construction de cet oléoduc long de 1 445 km.
D’une longueur de 1 445 km, le futur pipeline traversera marécages et des rivières qui finissent dans le lac Victoria et les zones riches en espèces sauvages. L’oléoduc qui devrait transporter environ 200 000 barils par jour à terme est considéré comme une sérieuse menace sur l’environnement. Il risque de détruire à jamais ces habitats naturels et de priver les populations locales de leurs moyens de subsistance, estiment les écologistes.
Ils sont une trentaine de groupes d’activistes locaux et internationaux à avoir demandé à deux banques d’abandonner le projet de collecte de fonds pour la construction de cet oléoduc destiné à l’exportation de pétrole ougandais, estimant que le projet va polluer et détruire les ressources en eau et la faune unique de cette région d’Afrique. Les établissements financiers en question sont la banque sud-africaine Standard Bank Group et la société japonaise Sumito Mitsui Banking Corporation. Elles contribuent à l’endettement nécessaire au financement du pipeline de 3,5 milliards de dollars.
Selon son tracé, le pipeline reliera des gisements situés à l’ouest de l’Ouganda au port de Tanga, dans l’océan Indien, en Tanzanie. Il est essentiel au développement des réserves pétrolières de ce pays d’Afrique de l’Est.
«Nous considérons que ce projet présente des risques inacceptables pour les populations locales, liés aux déplacements physiques et aux menaces sur les revenus et les moyens de subsistance», ont déclaré aux banques Global Witness et 29 autres groupes notamment britanniques et américains relayés par Reuters.
Un projet de pipeline aux multiples rebondissements
Dans leur argumentaire développé dans une lettre adressée aux deux banques, les groupes avancent qu’en plus de poser de sérieux risques de détérioration des ressources en eau, de la biodiversité et des habitats naturels, le projet représente une source d’émission de carbone supplémentaire pour la planète.
C’est en 2006 que l’Ouganda a fait d’importantes découvertes de pétrole estimé à 6 milliards de barils dans l’ouest du pays. Depuis 12 ans, le pays peine à exploiter ces réserves. Des complications dues d’une part à des désaccords avec les compagnies impliquées comme le français Total, le britannique Tullow Oil ou encore le chinois CNOOC sur la stratégie à adopter, et d’autre part il a fallu au pays plusieurs années pour déterminer le tracé exact de la ligne du pipeline.
Par La Tribune Afrique