L’Elysée abritera samedi une cérémonie de naturalisation à des tirailleurs sénégalais. C’est le résultat d’une pétition en pour la reconnaissance des tirailleurs.
Ils sont 27 tirailleurs sénégalais dont le plus jeune a 79 ans et le plus âgé 91 ans. 18 parmi les tirailleurs qui recevront leur décret de naturalisation française, sont des retraités domiciliés à Bondy (Seine-Saint-Denis).
Aïssata Seck, élue bondinoise et actuelle porte-parole de Benoît Hamon, est l’initiatrice de la campagne de pétition pour la naturalisation des tirailleurs sénégalais fin 2016. « Je suis si fière pour eux » affirme Aïssata Seck, elle-même descendante de tirailleur.
En quelques semaines, plus de 60.000 signatures avaient été recueillies de la part de stars du show-business, politiques, anonymes, mettant le sujet sur la place publique. Mi-décembre, l’élue de Bondy avait été reçue au ministère de l’Intérieur, avec le député socialiste Daniel Goldberg et Fouad Ben Ahmed, militant socialiste de Bobigny.
Le trio de Seine-Saint-Denis était alors reparti avec l’assurance que » l’ensemble des tirailleurs sénégalais vivant en France pourront bénéficier de la naturalisation, par décret ou déclaration suivant leur cas, ou encore au titre de blessé de guerre le cas échéant. » Le suivi a eu lieu par la préfecture.
« Nous avons fait passer l’information par les offices d’anciens combattants, les préfectures et les foyers Adoma où résident toujours nombre de ces retraités, » détaille Aïssata Seck. Elle qui a aussi reçu les dossiers des tirailleurs sur l’adresse mail communiquée à cet effet. Ainsi, chaque dossier était renvoyé ensuite à la préfecture. Une centaine de dossiers ont été reçus. Vingt-sept sont convoqués samedi à l’Elysée. Ce sont les premiers à obtenir leur décret de naturalisation. D’autres naturalisations suivront, cette fois dans les préfectures.
Soulagement
L’annonce du début de naturalisation des anciens tirailleurs sénégalais fait surgir un sentiment de soulagement chez les concernés. En effet, plusieurs contraintes les frappent.
Sans cette nationalité, l’Etat français leur impose de rester sur le territoire six mois par an. Obligés de pointer à intervalle régulier, comme le feraient des délinquants, ils perdent automatiquement leur pension d’ancien combattant s’ils se signalent en retard. En devenant Français, le problème ne se posera plus. Mais, au-delà de cet aspect pratique, le plus difficile à accepter pour eux est la dimension symbolique.
Tous sont extrêmement attachés à la France. » le Sénégal est mon père et la France est ma mère. » Ils portent fièrement leurs médailles, parlent parfaitement français et connaissent l’histoire de la nation française mieux que quiconque.
Dernière et pire des contraintes: l’humiliation. Celle de devoir prouver leur niveau de français en passant des tests sur ordinateurs, malgré leur grand âge, mais aussi d’être traités avec très peu d’égard par les administrations. On s’adresse à eux comme s’ils ne comprenaient pas la langue, ils sont très peu considérés. Ce qui leur fait penser: « s’ils savaient ce que j’ai fait pour qu’ils soient là aujourd’hui, ils me parleraient autrement ».
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