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KAPORO-RAILS : on aurait pu l’éviter !

« Le droit de propriété est garanti. Nul ne peut être exproprié si ce n’est dans l’intérêt légalement constaté de tous et sous réserve d’une juste et préalable indemnité» Article 13 de la constitution. 

Les domaines de l’Etat relèvent du domaine public et certes l’Etat peut définir ou récupérer   des espaces pour des raisons d’intérêt public, mais tout en respectant la législation en matière d’expropriation ou de déguerpissement. Car au-delà, il y a des enjeux humains en termes de dignité des occupants et de justice sociale des citoyens.

Les images qui circulent en ce moment et les échos que s’en font les populations sur le déguerpissement de Kaporo rails auraient pu être évitées.

Nous avons toujours estimé que la Guinée n’a jamais eu un véritable Etat, mais plutôt des  réseaux mafieux qui imposent, par des méthodes malsaines et dans la douleur, leur diktat au peuple au nom d’un prétendu Etat dont l’existence se résume à de la violence, de l’injustice, du mensonge et de la fausseté. Ce qui rend particulièrement choquant et inacceptable le cas du déguerpissement de Kaporo rails est le caractère inhumain des opérations.

Cette zone a toujours été occupée par les populations qui cohabitent avec des symboles même de l’Etat et qui se soumettent à son autorité (police, gendarmerie, marchés, installations des services d’électricité et d’eau etc.). Que les documents que détiennent ces populations soient vrais ou faux, ils viennent d’une autorité et il appartient aux tribunaux et a l’administration de se prononcer sur leur authenticité, si nécessaire.

A priori, et suivant l’opacité de nos gouvernements successifs, ce n’est pas la faute de la population si l’Etat ne rend pas public le plan cadastral de la ville afin que chacun sache quelles sont les zones réservées ou habitables. La rétention de l’information est en soi une défaillance grave sinon des panneaux d’indication ou des barrières de délimitation doivent clairement exister.

Le cynisme est poussé à bout dans le cas de Kaporo rails. Sinon, ce n’est un mystère pour  personne que des zones comme la cite ministérielle de Donka, les zones allant du pont 8 Novembre au pont de Kenien en passant par la SIG Madina sont des domaines de l’État. Le schéma directeur de la ville de Conakry en fait évidemment foi.

Quelle urgence nous obligeait à faire subir à une population déjà rendue misérable par la mauvaise gouvernance, ce cauchemar du déguerpissement et d’humiliation ? Notre pays se déshumanise par la discrimination, la sélectivité et la cupidité d’une nébuleuse qui nous dirige en ce moment particulier

Outre ces zones précitées, n’avons-nous pas le droit d’accéder à nos plages sur les corniches de la ville de Conakry ? Quelles sont ceux qui y ont construit des forteresses pour nous priver de ce précieux bien public ? N’est-ce pas pour la plupart des agents de l’Etat dont les salaires ne peuvent justifier un tel niveau d’enrichissement ? Qui connaît les conditions d’attribution des espaces dans la cité ministérielle de Donka a des entrepreneurs immobiliers souvent étrangers qui ont fait pousser des immeubles de luxe à des fins commerciales ?

La première vocation d’un Etat est celui de protéger. Et si nous en avions réellement un, il aurait dû procéder autrement :

  • Identifier et évaluer exhaustivement les habitants et leurs maisons.
  • Evaluer les coûts d’indemnisation et les conséquences sociales et humaines.
  • Définir un plan de recasement progressif selon les cas en donnant la priorité aux couches les plus vulnérables ;
  • Ouvrir une enquête sur les processus d’acquisition de ces parcelles contre les agents ordonnateurs qu’ils soient publics ou privés. Autrement dit, ouvrir une enquête contre les personnes morales et physiques qui ont délivré les documents administratifs qui ont permis l’occupation dite illicite. L’Etant étant une continuité.
  • Elaborer et publier le plan d’aménagement de nos villes à travers une communication offensive
  • Rendre public un agenda global précis de récupération de TOUS les domaines de l’Etat

 

Aliou BAH.

Président de l’Organe Provisoire de Direction du MoDeL.

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