Comme annoncé, l’ONG internationale Greenpeace est en campagne dans les eaux de certains pays d’Afrique de l’ouest, depuis le 24 février, notamment en cap vert, la Mauritanie, la Guinée Bissau, la Guinée, la sierra Leone et le Sénégal. A cet effet, la mission de ladite ONG est arrivée sur les côtes guinéennes le 30 mars dernier, pendant 8 jours les membres de l’équipage et trois inspecteurs guinéens du ministère de la pêche ont mené des recherches sur la situation de la pêcherie.
Au terme de la mission qui s’est achevée ce dimanche, 09 Avril 2017, les résultats ont été livrés à la presse en présence du ministre de la pêche, de l’aquaculture et de l’économie maritime, André Loua, accompagné d’une forte délégation de son département. Dans ses communications, les enquêteurs de GREENPEACE ont indiqué avoir constaté des ailerons de requins trouvés à bord de navires de pêche étrangers au cours d’une patrouille conjointe.
Au total, Greenpeace et les responsables locaux ont inspecté 12 navires durant leur surveillance conjointe au cours de la semaine écoulée. Il s’agissait de neuf bateaux de nationalité chinoise, d’un bateau de nationalité coréenne et de deux navires battant pavillon guinéen. Dans l’un des navires chinois, une lettre a été trouvée, émise par l’association chinoise de pêche hauturière en date du 10 mars et informant de la surveillance conjointe et rappelant aux navires de pêche chinois de pratiquer une pêche légale et de coopérer lors des inspections des autorités.
D’après, Pavel Klinckhamers, Chef de campagne à bord de l’Esperanza, de Greenpeace «Nous pensions que la lettre aurait dissuadé les navires de pêche chinois de pratiquer des activités illégales au cours de la période des patrouilles conjointes, mais cela ne fut apparemment pas le cas. Plusieurs bateaux de pêche appartenant à des entreprises chinoises ont poursuivi leurs activités de pêche illicite, malgré la mise en garde. Cela montre le total mépris de ces entreprises à l’égard des législations nationales, alors qu’elles devraient pratiquer à une pêche responsable dans ces eaux. »
Pendant l’enquête, il s’est avéré qu’actuellement, 41 navires pratiquant la pêche démersale et la pêche pélagique disposent d’une autorisation de pêcher dans les eaux guinéennes. Dans ce lot, 85 % de ces bateaux appartiennent à des Chinois. Paradoxalement, des ailerons de requins ont été trouvés à bord de deux bateaux de pêche de nationalité chinoise au cours de cette surveillance conjointe menée par Greenpeace et les autorités ayant en charge la surveillance des pêcheries guinéennes. L’un des navires avait aussi à son bord des filets modifiés sans autorisation préalable, donc non conforme, et un troisième navire chinois a été surpris en train d’utiliser des filets non conformes et de pêcher des espèces non autorisées par la licence octroyée.
En plus des ailerons de requins, Greenpeace a trouvé de nombreuses carcasses de requins, de requins-marteaux (une espèce menacée) et de raies Manta à bord de plusieurs navires.
Pour Ahmed Diamé, Chargé de campagne océans de Greenpeace Afrique «Ce à quoi nous assistons ici est en totale violation des réglementations ouest-africaines en matière de pêche. Cela montre également que les législations nationales doivent être renforcées afin de les harmoniser avec les normes internationales, selon lesquelles les requins menacés ne constituent plus de prises légales. C’est pour cela que nous recommandons aux pays côtiers d’améliorer leurs capacités de suivi et leurs législations nationales afin de protéger la vie marine et les moyens de subsistance des pêcheurs locaux. »
Ces navires chinois ont été appréhendés, dont le Lian Run 34, qui transportait à son bord des ailerons de requins le 31 mars 2017, ensuite le deuxième navire le Lian Run 47, des photos aériennes montrent des ailerons de requins sur le toit du navire. Des inspections effectuées le 4 avril ont permis de découvrir des ailerons de requins sur le bateau, cachés entre des caisses, ainsi que des ajustements de filet non autorisés.
Ces deux navires appartiennent à la société Dalian Lian Run Pelagic Fishery Company Ltd, l’une des plus grandes entreprises chinoises de pêche hauturière. Par conséquent les autorités guinéennes ont confisqué les licences de pêche des deux navires, le passeport du commandant, ainsi que d’autres documents de navigation.
Parlant du troisième navire le Fu Yuan Yu 379, ce navire a été inspecté le 2 avril 2017. Les inspecteurs ont constaté qu’il disposait de filets modifiés, ce qui est non conforme. Les inspecteurs ont aussi trouvé 30 sacs de carcasses de requins, et celle d’un immense requin-marteau. Le 3 avril, le Fu Yuan Yu 379 a à nouveau été aperçu en train de pêcher en dehors de la zone de couverture de sa licence après s’être débarrassé des sacs de requins qui servaient de preuves.
L’heure des sanctions
Ce navire qui appartient à la société Fujian Pingtan Hengli Fishery Company Ltd, écopera probablement d’autres sanctions. Pour l’instant, il a écopé d’une amende pour modification non autorisée de filets, qui est classé dans la catégorie des infractions très graves par la loi guinéenne. La législation actuelle ne pénalise pas les prises accessoires de requins.
Selon, le ministre André Loua, les deux navires ayant des ailerons de requins à bord ont écopé d’une amende de 250 000 Euros chacun, et le troisième d’une amende de 350 000 Euros. Les prises de tous ces navires ont été saisis par les autorités guinéennes.
La pêche illégale en Guinée représente l’équivalent de 64 % des prises légales déclarées.
Face à cette à situation alarmante, l’ONG Greenpeace dans un communiqué de presse en appelle les gouvernements ouest-africains à prendre leurs responsabilités et à unir leurs forces pour gérer les activités de pêche étrangères et locales se déroulant dans leurs eaux, afin de garantir une exploitation juste et durable des ressources, ainsi qu’un avenir prospère aux communautés locales et aux personnes vivant le long des côtes ouest-africaines.
Mamadou DIALLO pour afriquevision.info
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