L’Université d’Europe centrale (UEC), dirigée par l’ex-chef libéral Michael Ignatieff, a annoncé lundi le déménagement forcé de ses activités de Budapest à Vienne.
« L’UEC est contrainte de s’en aller », a précisé le président et recteur de l’Université, Michael Ignatieff.
Le transfert de l’établissement créé en 1991 par le financier américain George Soros est prévu en septembre.
C’est un fait sans précédent. Une institution américaine est chassée d’un pays qui est membre de l’OTAN. Une institution européenne est chassée d’un État qui est membre de l’UE.
Le recteur Michael Ignatieff qui a été chef du Parti libéral du Canada de 2008 à 2011
La décision du déménagement intervient après vingt mois de contentieux avec le gouvernement de Viktor Orban, à la suite du vote en avril 2017 d’une loi obligeant les universités étrangères implantées en Hongrie à disposer d’un campus et de cursus dans leur pays d’origine.
L’Université, qui assure avoir effectué ces derniers mois les démarches nécessaires aux États-Unis, a dénoncé une mesure politique des autorités hongroises, qui ne lui a pas permis de poursuivre ses principales activités malgré ses efforts.
La loi hongroise de 2017 mise en cause
La Commission européenne a réagi lundi en se disant « profondément préoccupée » par ce déménagement, rappelant avoir saisi la Cour de justice de l’UE au sujet de la loi hongroise de 2017, une procédure toujours en cours.
Fondée peu après la chute du communisme pour promouvoir la démocratie libérale, l’Université s’affiche comme étant l’une des meilleures institutions internationales européennes en sciences humaines et sociales et comme un lieu de débat favorisant l’ouverture et le progressisme.
George Soros, un spéculateur philanthrope de 88 ans, est la cible régulière à travers la planète de dirigeants autoritaires qui l’accusent de comploter contre leur pays par le biais d’ONG qu’il finance.
Dans la mire de Viktor Orban
C’est particulièrement le cas dans la Hongrie de Viktor Orban. Il accuse George Soros de chercher à « détruire les nations et la culture chrétienne » de l’Europe en prônant une immigration de masse.
En août, la fondation Open Society de l’homme d’affaires avait transféré ses activités de Budapest à Berlin, dénonçant la politique « répressive » des autorités hongroises.