La récente arrestation arbitraire du journaliste Mamadou Saliou Diallo, fondateur du site nouvelledeguinee, par le ministre guinéen de la justice Cheick Sacko est une preuve d’abus d’autorité et de violation des principes qui régissent le fonctionnement du métier du journalisme en République de Guinée.
La loi L/002 de 2010 portant sur la liberté de la presse est claire, les délits de presse sont dépénalisés en Guinée. Un journaliste qui est reproché de diffamation ou autres dérives via à sa plume ou son micro peut être soumis à des sanctions, mais n’ira pas en prison. Hors la cause réelle de l’emprisonnement du journaliste Mamadou Saliou DIALLO est fondée sur la diffamation, dont l’actuel ministre de la justice l’accuse d’avoir écrit un article sur lui, faisant état d’un cas de corruption, dont le chef de l’appareil judiciaire serait aventuré dans l’affaire de passation de marché sur la construction de la nouvelle maison de détention des hors lois à Yoropoguiya dans la préfecture du Dubreka.
Même s’il s’avère que le ministre de la justice ne s’est pas livré à une telle pratique nuisible, il y a des procédures d’interpellation du journaliste auteur de l’article en question à suivre. La première des choses pour quelqu’un qui est incriminé à travers une plume ou le micro d’un homme de média, c’est de saisir la Haute Autorité de la Communication, qui est en quelque sorte l’institution mère qui règle ou qui statue la nature de la forfaiture journalistique. A défaut de l’envoyer devant un tribunal pour de fins de correction, qui se finalise souvent soit par une amende ou un droit de réponse.
L’arrestation de ce journaliste dans un restaurant est une forme d’enlèvement. Cet acte entraine non seulement des fissures sur les acquis démocratiques, mais aussi sur la liberté de la presse et de l’expression en Guinée. Ce comportement absurde de ce ministre de la justice de surcroit qui a été avocat au barreau de Montpellier en France est une honte et ça démontre à nouveau que cet homme est une mélancolie pour la République. Sachant que le dernier classement de la Guinée par reporter sans frontière (RSF) était 104e sur 180 pays, d’où la perte de 3 places de l’année dernière, a fait tache d’huile. Conséquence, le pays a perdu une manne de 500 millions de dollars américains des États-Unis à cause de ce recul sur la presse.
Le président Alpha Condé avait d’ailleurs déploré ce classement le 03 mai 2018, devant les hommes de médias à l’occasion de la célébration annuelle de la fête de cette corporation à la maison de la presse à Coléah.
Certes Mamadou Saliou est libre depuis jeudi 05 juillet, avec la médiation de plusieurs organisations nationales et internationales de défense des journalistes. Mais il est important d’en parler et de faire comprendre à celui qui incarne notre troisième pouvoir (judiciaire) sa mésaventure en se livrant à une faille aussi minable pour un homme de son rang. Qu’il sache que cette situation est une faute impardonnable et que désormais les gens sont édifiées de son hostilité à l’égard des lois, aussi son intention à bafouer l’un des piliers de la démocratie.
Il y a un adage qui dit que, celui qui se sent se mouche. L’emprisonnement de ce journaliste en dit long et ça ouvre davantage le boulevard d’investigation et de regard sur sa gestion depuis sa venue à la tête du ministère de la justice.
Mamadou III DIALLO pour afriquevision.info
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