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Lettre à ceux qui ont accepté d’aller à la COP29 de Bakou

La conférence sur la convention cadre des nations unies sur le changement climatique s’est ouverte depuis ce lundi 11 novembre 2024 en Azerbaïdjan, pays qui traverse une crise sans précédent avec son voisin l’Arménie. Dans cette tribune, les avocats Catalina de la Sota et François Zimeray adresse un message aux participants de la COP organisée par le dictateur Ilham Aliyev, président du pays hôte.

Tribune. Cette semaine, vous serez à Bakou pour participer à la 29e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, dite « COP29 ». Les organisateurs vous inviteront à découvrir une capitale étonnante, son architecture contemporaine comme ses quartiers anciens et sa gastronomie, ils vous guideront sur les bords de la Caspienne où flotte un parfum d’Orient.

Mais derrière ce décor, il y a une autre réalité que l’on ne vous montrera pas. Celle d’un pays où l’économie repose très largement sur les exportations d’énergies fossiles, et où les terres, gorgées de polluants, sont intoxiquées sur plusieurs générations.

On ne vous dira pas que rien ni personne n’est libre en Azerbaïdjan ; tout y est contrôle et répression. Comme ce blogueur critique du régime d’Ilham Aliyev qui, ayant fui le pays et réfugié en France, a échappé, sur notre sol, à cinq tentatives d’assassinat.

Il n’y a aucune chance que les organisateurs vous parlent des geôles de Bakou où croupissent opposants politiques, journalistes, détenus dans des conditions inhumaines et dégradantes, sans accès à leurs familles et à qui tout espoir de procès équitable est interdit.

On ne vous parlera pas plus des 23 otages arméniens (au minimum), dont la plupart ont été kidnappés lors de l’invasion militaire du Haut-Karabakh en septembre 2023 conduisant au déplacement forcé de plus de 100 000 Arméniens. Ne croyez pas un instant que l’Azerbaïdjan est le pays éclairé et soucieux du bien-être qu’il voudrait paraître.

Si vous êtes à Bakou, c’est que vous n’avez pas suivi les appels au boycott de la COP29. Pourtant, votre présence sur le sol azerbaïdjanais vous oblige. Demandez à rencontrer les otages arméniens incarcérés et exigez leur libération !

Car si les mots ont un sens, s’ils engagent ceux qui les prononcent, comment croire à un meilleur futur pour l’humanité tout en fermant les yeux sur les crimes commis par l’Azerbaïdjan sur son sol comme au-delà ?

Par  François Zimeray et Catalina de la Sota, avocats au Barreau de Paris.

Ils ont déposé une plainte entre les mains du Procureur de la Cour Pénale Internationale au nom de victimes déplacées de force du Haut-Karabagh et réfugiées en Arménie.

Source : Le Point