Le leader de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo qui séjourne actuellement aux États-Unis a accordé un entretien à nos confrères de VOA, ce samedi 31 août 2024 pendant lequel, il a dépeint en noir la gestion chaotique de la transition dirigée par le général Mamady Doumbouya.
L’ancien Premier ministre a indiqué que la junte au pouvoir se livre à une atrocité féroce contre ceux là qui dénoncent la façon dont il conduit la transition. « Aujourd’hui les contre pouvoir en Guinée sont ballonnés, à commencer par les médias, journalistes, acteurs de la société civile et opposants politiques. Les putschistes sont en train de tuer en silence et en flagrant des leaders et toute autre voix dissonante. »
Pour lui, même « Ceux qui sont rentrés en Guinée pour mener le combat de l’intérieur sont soient en prison ou portés disparus », a dénoncé l’opposant.
L’ancien pensionnaire du palais de la Colombe a également reconnu pour la première fois être exil forcé. Mais pour lui, « son exil est stratégique et il s’explique par d’énormes contraintes et malgré tout, il continue de mener le combat à l’étranger pour permettre au pays de retrouver sa vie normale ».
En revanche, il avoue n’avoir pas peur d’affronter la justice de son pays avec cette affaire de vente de l’ancienne compagnie aérienne Air-Guinée, que le putschistes et sbires essayent de lui coller.
« J’étais plutôt heureux, j’ai salué le fait que ce dossier soit porté devant la justice même s’il est frappé par des prescriptions parce que ce sont des opérations de privatisation qui ont menées sous la pression de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International. Il y a plus de 20 ans que cette opération a été faite, mais je n’ai joué aucun rôle. C’est un dossier qui est passé par le Conseil des ministres qui l’a approuvé puisque c’était l’une des conditions. Le ministre des finances est le seul compétent pour la privatisation des entreprises publiques. Mon ministère n’a joué aucun rôle dans la décision prise par le ministère des finances. (…). C’est un dossier purement politique en raison de mon opposition ou ce qu’ils ont considéré comme mon empressement à aller aux élections et mes critiques vis-à-vis des dérives de la transition. C’est ce qui m’a valu cette convocation », a fustigé la figure de proue de l’opposition guinéenne.
D’après nos confrères de Mosaïque guinée, qui a décrypté cette partie, le président du principal parti de l’opposition, Cellou Dalein a affirmé qu’il a apporté son soutien à la junte lors de la prise du pouvoir, « à certains égards, soulagé par le coup d’État et rassuré par le discours délivré par le président de la transition ». Cependant, a-t-il ajouté, très rapidement, lui et ses autres collègues ont compris « qu’ils (la junte, ndrl) voulaient rester aussi longtemps que possible au pouvoir ».
« Le premier conflit est né de la durée de la transition. On a estimé, ma coalition et plusieurs autres coalitions politiques, qu’ils avaient besoin de 15 mois. (…). Ils ont dit qu’ils ont besoin de 39 mois, on a dit que c’était trop. Ils ont conclu, avec la CEDEAO, un chronogramme qui disait 24 mois. Si vous regardez à l’époque les actions à mener avant la fin de la transition, vous saurez que c’était un marché de dupe. Les 10 actions du chronogramme et l’organisation des élections étaient impossible en 24 mois. (…). À partir de leur volonté de passer par le RAVEC, on a compris qu’ils cherchent des prétextes pour ne pas être au rendez-vous de décembre 2024. C’est ce qui est arrivé. Dès janvier, ils ont avoué qu’ils n’étaient pas en mesure de tenir le chronogramme. Aussi, alors qu’ils avaient promis qu’aucun membre d’organe de la transition ne se présentera aux élections, ils nous ont sorti un avant-projet de Constitution qui les autorise à se présenter aux élections. (…). Il (Mamadi Doumbouya, ndlr) a pris l’engagement de ne pas se présenter aux élections et qu’aucun autre membre d’un organe de la transition ne le sera. Il doit respecter cet engagement qu’il a pris librement », a-t-il dit.
Afriquevision avec Mosaïqueguinée