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Après un sale temps en Guinée, Beny Steinmetz pose ses valises en Italie

Malgré ses ennuis judiciaires, le magnat minier n’entend pas tourner sa page dans l’exploitation des ressources naturelles. Enrichis dans le secteur minier, le milliardaire continue son chemin en Italie où il vient d’être aperçu avec à la clé l’envie de diriger le plus sulfureux géant pétrolier.

Condamné par la justice suisse pour corruption en Guinée, le milliardaire franco-israélien réapparaît en Italie, où son nom est lié au rachat suspect de la plus grande raffinerie de pétrole du pays.

Alors que le sort de Beny Steinmetz est suspendu à la décision du Tribunal fédéral, la plus haute instance juridique suisse, le magnat franco-israélien des mines rebondit au sud de l’Europe. Selon le Financial Times, l’homme d’affaires serait impliqué dans le rachat par le fonds d’investissements chypriote GOI Energy de la raffinerie de pétrole ISAB en Sicile, qui appartenait jusqu’à janvier au géant pétrolier russe Lukoil.

Selon le quotidien économique britannique, Beny Steinmetz a discuté, à Milan et à Rome, avec des avocats et des conseillers au sujet de l’offre de 1,5 milliard d’euros faite par GOI Energy pour la raffinerie ISAB. Le tycoon a été accompagné lors de ses déplacements par la nièce du Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, Alexia Bakoyannis, qui, un temps membre du conseil d’administration du fond chypriote, possède toujours des parts dans l’entreprise.

Un duel à distance entre Vitol et Trafigura

Infrastructure stratégique en Italie, ISAB assure 30 % de l’approvisionnement en diesel et 20 % de la capacité totale de raffinage, à en croire les données de Kpler. Initialement convoitée par la société américaine de capital-investissement Crossbridge et le négociant suisse Vitol, la raffinerie a fini dans les mains de GOI Energy, une société jusque-là inconnue, qui aurait offert des garanties plus solides en matière d’emploi et d’exploitation, d’après le gouvernement italien.

Facilitée par le géant mondial de courtage pétrolier et d’affrètement maritime, Trafigura – dont la réputation est entachée par des scandales de corruption – l’opération fait planer l’ombre de Beny Steinmetz. En effet toujours selon les informations recueillies par le Financial Times, le directeur général et actionnaire de GOI Energy Michael Bobrov, posséderait, par ailleurs, des parts dans une raffinerie appartenant aux gendres du tycoon. Quant au principal actionnaire du fonds chypriote, Argus New Energy Fund, il serait détenu à 76 % par une fondation liée à la famille Steinmetz.

Visé par un mandat d’arrêt européen émis par la Roumanie, le milliardaire âgé de 67 ans a été arrêté en septembre dernier à Chypre. Alors qu’il a été reconnu coupable, en 2020, et condamné à cinq ans de prison pour création d’un « groupe criminel organisé » et corruption dans le cadre de transactions foncières effectuées entre 2006 et 2008, Beny Steinmetz a été libéré par la Cour suprême chypriote qui a annulé une décision d’extradition.

À la tête du groupe minier BSGR, le magnat franco-israélien est en attente du verdict du Tribunal fédéral suisse, après sa condamnation en appel à trois ans de prison dont dix-huit mois ferme et une amende de 50 millions de francs suisses pour « corruption d’agents publics » en Guinée. Selon la Chambre genévoise, Beny Steinmetz a influencé le processus d’attribution de droits miniers dans le Simandou, l’un des plus importants gisements de minerai de fer du monde.

Avec Jeune Afrique