La communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest n’entend pas baisser les bras face à la junte militaire au Niger. L’organisation a annoncé qu’elle s’active dans la mobilisation de ses armées pour une éventuelle intervention militaire afin de restaurer le président Mohamed Bazoum dans ses fonctions.
Alors que la diplomatie s’active et que les voix contraires à toute intervention militaire de la Cédéao au Niger se sont fait entendre après la réunion des chefs d’état-major, l’organisation ouest-africaine n’a pas du tout abandonné l’option de la force pour rétablir la démocratie et le président Mohammed Bazoum dans ses fonctions. Selon des sources proches, le processus se poursuit. Le planning, qui a été validé à Accra et prévoit en ce moment la mise en place des troupes, est en cours.
Les responsables militaires de la force d’attente sont formels, ils n’ont « pas reçu de contre-ordre » pour l’intervention militaire à Niamey, selon un officier supérieur. En clair, l’option de la force pour rétablir l’ordre constitutionnel est toujours d’actualité, maintenue et programmée, rapporte notre correspondant à Cotonou, Jean-Luc Aplogan.
Selon plusieurs confidences, les chefs des armées gèrent en ce moment la mise en place des troupes. Dans cette phase de mise en place, les pays éloignés du Niger se sont accordés pour acheminer leurs contingents vers les pays frontaliers du Niger, retenus comme base. Cette étape serait imminente, selon une source bien informée : hommes et logistique pourraient être transportés par air ou par mer.
Les dernières informations indiquent que la force d’attente de la Cédéao sera composée des soldats du Bénin, du Nigeria, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée-Bissau, et on évoque désormais la contribution du Ghana. Pour marquer son engagement, le Ghana a justement accueilli la réunion des chefs d’État-major le 18 août et son Président Nana Akoufo Ado a reçu les hauts gradés en audience pendant une quarantaine de minutes.
D’autres pays qui ont fait des promesses à Accra pourraient compléter le dispositif militaire.
« Nous ferons le job, plus besoin d’une nouvelle réunion, nous sommes prêts »
Les appels au règlement par voie diplomatique et l’annonce de la tournée du ministre des Affaires étrangères d’Algérie – opposé au recours à la force pour rétablir l’ordre constitutionnel – ne semblent pas freiner l’option militaire.
La plupart des contingents ont déjà constitué leur état-major : il s’agirait d’un dispositif de commandement opérationnel. La coordination se fera une fois sur base. « Nous savons faire », dit un haut gradé, qui reste muet sur la date du début des opérations. « Nous ferons le job, [il n’y a] plus besoin d’une nouvelle réunion, nous sommes prêts », confie un officier supérieur d’une armée de la région.
L’UA a voulu s’opposer autant que possible à une intervention militaire, sans pour autant « désavouer la Cédéao »
Sur le plan diplomatique, l’Union Africaine a pris du temps pour s’exprimer ouvertement sur les décisions de la Cédéao. Son communiqué du mardi 22 août témoigne de la complexité de la situation : si l’organisation demande le retour à l’ordre constitutionnel et soutient des sanctions, elle affiche sa préférence pour la diplomatie sans s’opposer entièrement à l’option militaire pour ne pas « désavouer la Cédéao », selon Pape Ibrahima Kane, spécialiste des institutions africaines à la fondation Open Society Africa (OSIWA).
L’UA a suspendu la participation du Niger à ses activités, et par là-même, prend acte du fait que le président Bazoum est renversé et le coup d’État « consommé ».
Avec RFI