La problématique des changements climatiques est devenue une préoccupation mondiale. La Guinée-Conakry ne fait pas exception. Dans ce pays à forte potentialité environnementale, la déforestation, l’exploitation anarchique des ressources (minières, pétrolières et gazières), la pollution atmosphérique ou encore les feux de brousse sont une réalité au quotidien.
Face à cette situation alarmante, les acteurs mondiaux en environnement ont décidé de se réunir chaque année, à travers des sommets, des forums, des séminaires et des ateliers pour réfléchir sur les voies et moyens à suivre pour freiner ce phénomène planétaire. D’où l’idée de la réduction des émissions de gaz à effet de serre en deçà de 2°C.
En exemple, lors la COP21, tenue du 30 Novembre au 12 Décembre 2015 à Paris, plus de 190 pays ont pris des engagements, appelé Contribution Prévue Déterminée au Niveau National (CPDN), dans ce sens. A ce niveau, chaque pays a établi des stratégies lui permettant de lutter contre les dérèglements climatiques selon ses réalités environnementales.
Moins pollueurs, les pays de l’Afrique sont les principales victimes de la pollution. Le continent africain est dernier avec un taux de 4%, alors que la Chine occupe la première place avec 25%, puis les Etats-Unis 17%, l’Europe 12% et l’inde 10%.
Partant de cette réalité, des environnementalistes émettent l’idée d’obliger les grands pollueurs du monde à accroitre les financements des projets innovants pour les pays victimes.
Mais, regrettent-ils ’’cette étape semble être ardue pour les Etats vulnérables, d’où la lourdeur liée aux décaissements des fonds auprès des puissants qui se disent bailleurs de fonds’’.
La Guinée, exposée et sensible aux changements climatiques.
La Guinée-Conakry offre un climat propice pour l’agriculture (pluviométrie moyenne de 1200 mm / an au Nord et Nord-Est, 4000 mm à Conakry et jusqu’à 1800 mm dans les hauteurs du Fouta-Djalon). Elle est à la fois exposée et sensible au changement climatique, et ne dispose que de peu de capacité d’adaptation.
L’augmentation générale des températures moyennes, la baisse des précipitations moyennes annuelles, en particulier dans le Nord-Ouest et le Nord-Est du pays, la modification de la fréquence et de la répartition intra-annuelle des précipitations et l’élévation du niveau de la mer (de l’ordre de 80 cm d’ici à 2100) sont là des conditions climatiques qui pourraient générer des conséquences négatives sur de nombreux secteurs.
A voir son régime pluviométrique modifié, la Guinée devrait continuer à bénéficier de conditions climatiques plus favorables que ses voisins du Nord et pourrait devenir un lieu de transhumance des troupeaux sahéliens plus important qu’à l’heure actuelle, générant d’importants conflits d’usage des terres.
Les risques climatiques pour le pays
Située aux portes du Sahel, une des régions du monde les plus affectées par le changement climatique, la Guinée doit diminuer rapidement sa vulnérabilité au changement climatique : c’est un besoin pour sa population, mais aussi pour ses voisins.
Riche en ressources naturelles, la Guinée est considérée comme un puits de carbone grâce à ses ressources forestières, selon ‘’Communication nationale Initiale, 1994’’.
Par ailleurs, elle abrite la source de plus de 1 000 cours d’eau et de quatre des principaux fleuves d’Afrique de l’Ouest. Mais aujourd’hui, toutes ces ressources sont gravement menacées par les impacts des changements climatiques.
En effet, la situation géographique de la Guinée pourrait en faire un refuge pour les populations des pays sahéliens voisins du Nord, en particulier les éleveurs pastoraux. En plus de cela, la Guinée est d’une grande importance au niveau mondial pour l’industrie de l’aluminium, car elle abrite plus du tiers des réserves de bauxite de la planète.
Pour toutes ces raisons, et afin de contribuer le plus efficacement possible à son développement durable et à celui de ses voisins, la Guinée se veut être un pays stabilisateur de la sous-région à l’horizon 2030, en : préservant et valorisant ses ressources hydriques ; s’efforçant de rester un puits de carbone ; exploitant ses ressources en sols et en sous-sol de manière raisonnée ; portant la réflexion de la CEDEAO pour intégrer davantage les enjeux du changement climatique dans le Plan de transhumance régional.
Pour réaliser cela, plusieurs pistes s’offrent à elle. Parmi ces pistes, citons le développement des énergies renouvelables, l’amélioration de l’efficacité énergétique, la diminution de la pression sur les forêts par la mise en œuvre d’une gestion durable des ressources forestières et des terres, le développement et l’amélioration de pratiques agricoles et pastorales adaptées aux changements climatiques. Son taux de croissance annuel des émissions est estimé à +4,4%, soit un peu plus d’un doublement tous les 20 ans.
Nécessité de la Guinée à financer son climat
En tout, la Guinée a pris huit engagements qu’elle a assignés dans son INDC. Il s’agit, entre autres d’abord de réduire son émission de gaz à effet de serre moins de 13%, ensuite : 1-Préserver, pour le bénéfice des populations guinéennes et de la région ouest-africaine, la qualité et la quantité des ressources en eau ;
2-Mettre en place les mesures nécessaires à la protection, la conservation et la gestion des écosystèmes, la redynamisation des activités économiques et le renforcement de la résilience des populations de sa zone côtière ;
3- Accompagner les efforts d’adaptation des communautés rurales pour développer des techniques agro-Sylvo-pastorales qui permettent à la fois de poursuivre leurs activités et de préserver les ressources sur lesquelles elles s’appuient ;
4- Produire 30% de son énergie (hors bois-énergie) par des énergies renouvelables ;
5- Soutenir la diffusion de technologies et pratiques économes ou alternatives au bois-énergie et charbon de bois (SEALL et Stratégie biodiversité) ;
6-Améliorer la performance énergétique de l’économie guinéenne(SEALL) ;
7- Rendre climato-compatible l’exploitation des ressources minières ;
8- Gérer durablement ses forêts.
A ce titre, les autorités du pays ont entamé une campagne de reboisement sur toute l’étendue du territoire national depuis 2016.
« Pour sauver l’écosystème, nous avons planté 121 têtes de sources, malheureusement avec sa destruction récente, 120 ont été envahies, dans la forêt communautaire de Demoudoula (banlieue de Conakry) » nous confie un cadre du ministère de l’environnement, affirmant que ‘’ce processus est financé par le fonds forestiers, une direction du ministère de l’environnement des Eaux et forêts’’.
En termes d’objectifs stratégiques visant à faciliter le passage des micros projets disparates vers des programmes plus alignés, une approche de développement est en cours depuis l’année 2012.
Il s’agit notamment du ‘’Programme de Conservation de la Biodiversité du Mont Nimba par une Gestion Intégrée participative (PCBDMN), avec un budget de 11. 936 400 USD pour une durée de 9 ans (2005-2014); le Renforcement de la Résilience des Moyens d’Existence des Communautés Agricoles face aux Changements Climatiques des Préfectures de Gaoual, Koundara et Mali (REMECC-GKM), avec plus de 4 millions de Dollars et pour une durée de cinq ans (2014-2018).
Selon le ministère de l’environnement, des Eaux et Forêts « Pour réaliser davantage les projets allant dans le cadre de la mise en œuvre de l’INDC, le pays a besoin pour son adaptation un fonds jusqu’à 1,7 milliards USD sur la période et pour l’atténuation au moins 6,5 milliards USD sur la période sur le seul secteur énergétique »
Ceci dit, la finance climat de la Guinée pourrait favoriser aussi bien la réalisation de ses projets environnementaux, mais va engranger beaucoup d’emplois et lutter contre les phénomènes liés au dérèglement climatique et corollaires tant en Guinée, mais aussi et surtout dans les autres pays voisins.
Ansoumane Camara, président de la fédération nationale des professionnelles de la filière bois préconise à ce qu’on continue de mettre des plants dans la forêt de Demoudoula pour le maintien de la diversité et la densité de sa végétation, qui, aujourd’hui présente un visage désolant.
« À voir cette zone avec ses eaux qui coulent dans cette rivière, ces quelques arbres qui sont parsemés sur les deux rives, sous-tend qu’il y a quelques années, le lieu était un site très riche en écosystème. Mais hélas ! Tout ceci est détruit» regrette Seydou Bari Sidibé, citoyen qui propose à ce qu’un décret soit pris pour désigner Démoidoula comme ‘’ une zone d’intérêt général’’.
De son côté, l’actuel ministre de l’Environnement, des Eaux et Forêts sollicite un accompagnement financier de la part des bailleurs de fonds pour la mise en œuvre de sa politique environnementale.
«Nous allons consacrer un mois de reboisement de plusieurs sites forestiers dévastés au profit de l’occupation anarchique. Nous avons besoin de fonds conséquent pour continuer ce processus. Nous avons besoin d’un appui financier pour faire face à l’entretien des sites forestiers et à l’inventeur de ces espaces qui favorisent l’émergence du tourisme et de son climat » sollicite-t-elle.
Elle en a également besoin pour éviter le risque de la désertification dont elle encourt à travers l’activité minière et d’autres qui ont créées la dégradation de son écosystème.
Mamadou 3 Diallo pour afriquevision.info
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