Nous célébrons cette journée internationale des travailleurs dans un contexte de crise sanitaire marqué par l’apparition de la Covid-19. Même si pour le moment il est tôt d’évaluer les effets négatifs du Coronavirus sur l’activité économique, notre économie subit de plein fouet l’impact de ce dernier car, à date des secteurs comme le tourisme, l’hôtellerie, le transport, la culture, le commerce, entre autres, sont durement affectés.
Au lieu de célébrer uniquement le travail, nous aurions pu mettre cette journée à profit pour évoquer des sujets d’envergure nationale notamment le chômage des jeunes. Il serait, en effet, plus judicieux d’organiser des salons de l’emploi dans les Universités afin de recevoir les personnes désireuses de faire un premier pas vers le marché du travail et/ou ceux qui ont perdu déjà leur emploi au cours de l’année indépendamment de leur volonté en raison notamment de la contraction de l’activité économique due à la Civid-19. Une telle initiative devrait permettre de recréer un lien étroit entre employeurs et chômeurs et mettre fin à cette sensation du côté des chercheurs d’emploi d’être de plus en plus exclus du monde du travail par le nombre de filtres qui les séparent de l’entreprise.
En accueillant ceux qui attendent désespérément qu’on leur ouvre la porte et susciter des rencontres qui pourront aboutir certainement à des offres de stages ou des contrats de travail, ce moment privilégié serait aussi une occasion pour les employeurs à la quête des nouveaux talents de faire la promotion de leur entreprise ainsi que les produits qu’ils proposent à leur clientèle variée.
De l’autre côté, cette journée devrait ainsi permettre d’ouvrir un vaste chantier sur la problématique de l’emploi en Guinée en montrant ce que l’Etat peut faire pour maintenir ne serait-ce que les emplois créés dans cette situation difficile. De plus, les syndicalistes devraient saisir cette occasion pour trouver les voies et moyens d’engager des réformes novatrices dans les relations professionnelles avec les employeurs à travers un nouveau contrat social fondé sur un partenariat responsable visant le renforcement du pouvoir d’achat des travailleurs durant cette période de crise sanitaire marquée par la dépréciation sans précédent de la monnaie locale mais aussi l’inflation.
A notre humble avis, cette crise sanitaire suscite beaucoup des débats sur ce marché de travail car, elle a démontré que les entreprises peuvent être performantes avec peu de travailleurs dans les bureaux (dans la plupart des entreprises, c’est seulement 50% des employés qui ont contribué à l’augmentation plus que prévu des profits. Le reste des employés étaient en congés de confinement). Cette nouvelle tendance, démontre à suffisance que dans les prochaines années, l’émergence du télétravail mais aussi la diminution des effectifs qui s’en suivront, constitueront des menaces substantielles à la création des nouveaux emplois. C’est pourquoi, l’entrepreneuriat semble être une solution pérenne à ce problème.
De plus, la Covid-19, nous montre la voie à suivre et nous rappelle qu’il est important d’investir dorénavant dans le secteur de la santé qui permettra à moyen terme de renflouer la trésorerie essentielle au développement économique et éviter ainsi aux guinéens de se rendre à tout moment dans les pays voisins et lointains pour des soins sanitaires. Cet investissement permettra également aux jeunes dont 50% ont moins de 30 ans (cf. enquête démographique réalisée en 2016 par le Ministère du Plan) de trouver une opportunité d’emploi car, le chômage est un phénomène structurel qui frappe davantage les personnes âgées de 20 à 29 ans et surtout ceux diplômés.
En somme, dans un pays en développement comme la Guinée, les perspectives et le modèle de développement économique, social et politique des décennies prochaines dépendront notamment de notre aptitude à créer un nombre suffisant d’emplois décents, susceptible de réduire le chômage et la pauvreté. De nos jours, s’attaquer à la problématique du chômage semble être indispensable en République de Guinée car, les jeunes sont les plus concernés par ce phénomène. Ils sont soit sans emploi, soit cantonnés dans des emplois très peu rémunérés, voire pas du tout rémunérés, appartenant souvent au secteur de l’économie informelle où les heures et les conditions de travail sont inacceptables…
Safayiou DIALLO
Analyste Economique