Le géant minier australien Rio Tinto prévoit de détruire 124 sites aborigènes. Une annonce qui fait polémique dans la sphère minière.
Le groupe avait suscité l’émoi dans le pays après avoir fait exploser en mai une grotte qui fut habitée il y a plus de 46 000 ans, relate le « Guardian ».
Rio Tinto fait l’objet d’une nouvelle controverse. En mai dernier, le géant minier avait fait exploser la grotte de Juukan Gorge, site aborigène australien vieux de 46 000 ans – une destruction qui avait suscité un certain émoi dans le pays. Le Parlement australien avait rapidement ordonné une enquête sur cet incident. Et, selon cette enquête, toujours en cours, la société anglo-australienne prévoit toujours de détruire 124 lieux hérités de la culture aborigène pour étendre ses mines de minerai de fer.
Comme le rapporte le quotidien britannique Guardian, la Yinhawangka Aboriginal Corporation (YAC), une des associations en charge de la préservation de la culture aborigène, s’est engagée dans une procédure pour tenter de bloquer la destruction de ces 124 sites patrimoniaux. Rio Tinto a toutefois déjà reçu l’autorisation, en vertu de l’article 18 d’une loi de 1972 sur le patrimoine autochtone, de détruire 26 de ces 124 sites. La YAC ne peut donc légalement pas s’opposer au groupe en ce qui concerne ces 26 lieux.
Une explosion vraiment autorisée ?
L’enquête du Parlement australien a également remis en cause la validité de l’autorisation, par le gouvernement de l’Australie-Occidentale, de la destruction de la grotte de Juukan Gorge en mai dernier. Selon Robin Chapple, membre du gouvernement de l’Australie-Occidentale, l’autorisation a été donnée sur la base d’une recommandation obtenue en 2013, à la suite d’une réunion avec le comité responsable de la culture aborigène. « Il est fort probable que cette recommandation était invalide », a déclaré Robin Chapple au Guardian.
Le 11 septembre dernier, le patron de Rio Tinto ainsi que trois dirigeants avaient annoncé leur démission à la suite du dynamitage de la grotte. Les actionnaires et les instances en charge de la responsabilité de l’entreprise avaient demandé que des têtes tombent à la suite de cet incident. « Ce qui s’est passé à Juukan est une faute et nous sommes déterminés à faire en sorte que la destruction d’un site patrimonial d’une importance archéologique et culturelle aussi exceptionnelle ne se reproduise plus jamais lors d’une opération de Rio Tinto », avait déclaré Simon Thompson, l’ex-président du groupe minier.
Une enquête réalisée en interne avait de son côté montré que Rio Tinto avait bien obtenu les autorisations légales pour détruire le site, mais que, ce faisant, le groupe n’avait pas respecté ses propres standards. Elle a estimé que ce dynamitage n’était « pas le résultat d’une seule cause ou d’une seule erreur », mais « le résultat d’une série de décisions, d’actions et d’omissions sur une longue période ».
Par Le Point avec AFP