Tribune. La victoire de l’opposition est possible à condition de taire ce qui divise en son sein, se focaliser sur ce qui unit, se mobiliser massivement pour voter et se donner les moyens de sécuriser ses votes.
Le FNDC est une organisation respectable. Elle mérite la considération et le respect de tout guinéen libre dans sa tête, animé de sentiment patriotique et imbu du sens de l’honneur et de la dignité.
Le mouvement, sorti de nulle part en 2019, s’est spontanément constitué pour répondre à l’appel du devoir de défense de la nation face à la menace de braquage éhonté dont sa Constitution fait l’objet par un clan mafieux.
Des jeunes et moins jeunes de façon désintéressée, se sont engagés dans un combat de David contre Goliath pour éviter à la Guinée, la souillure de sa norme juridique suprême.
Depuis, ont été enregistrés des morts par dizaines dont certains gisent sans sépultures dignes dans des fosses communes, des blessés par centaines dont des handicapés à vie, des violations graves des droits humains, privations de liberté et disparitions forcées.
Nonobstant les dures conditions d’un combat inégal, mains nues contre balles réelles, le FNDC est resté droit dans ses bottes, ferme, déterminé et cohérent sur ses principes. Il faut saluer les résultats très brillants auxquels il est parvenu en termes de décrédibilisation du double scrutin du 22 mars, aux plans tant national qu’international. Ce qui lui vaut aujourd’hui une aura considérable. En cela, on peut comprendre parfaitement l’organisation dans sa posture de rejet de la présidentielle du 18 octobre. On ne peut consciencieusement pas la blâmer pour cela. On peut par contre l’inviter à davantage de concession et de coopération.
Parmi les candidats déclarés à la Présidentielle, tous ne sont pas des faire-valoir, à la recherche de strapontins pour s’aménager une petite place au soleil au cas où. De toute évidence on y compte des femmes et des hommes de trempe sur lesquels on peut fonder de l’espoir.
Oui ! Participer à une élection dont ni le fichier, ni l’organe de gestion ni l’organe judiciaire ne rassurent, présente de gros risques. Cependant, le macrocosme politique international et le microcosme social national ne sont plus ceux des années antérieures. Compte doit-être tenu de ce nouvel environnement sociopolitique. Et miser là-dessus n’est pas de la naïveté.
D’autre part, la volonté d’alternance observée chez certains candidats n’est pas antinomique du principe fondateur de défense la Constitution ; tant il est vrai que la victoire de l’un(e) ou de l’autre d’entre eux, rimerait automatiquement avec la réhabilitation de la Constitution de 2010. Certains ont d’ailleurs clairement exprimé cette intention. Dès lors, les dissensions d’ordre sémantique de la notion de cohérence doivent être tues au profit de l’essentiel qui est l’alternance.
Les marques du double scrutin de mars 20 sont encore vivaces dans notre mémoire collective. A l’époque, de l’énergie a été débauchée. Des efforts considérables ont été déployés pour empêcher la consultation. Mais en vain elle s’est tenue avec les résultats et les conséquences qui sont aujourd’hui connus de tous.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Cette fois-ci encore, l’adversaire sans foi ni loi est obstiné à réaliser le même type de forcing. Et il le réalisera si on le laisse faire.
Bien sûr, l’idéal aurait été d’empêcher la tenue de la Présidentielle, ou de la reporter le temps de réunir les conditions minimales d’un scrutin transparent. Mais rien n’y peut, le pouvoir et ses thuriféraires sont déterminés à aliéner la souveraineté du peuple.
A tous ceux qui sont véritablement opposés à cette démarche, il ne reste plus qu’à réaliser l’union sacrée, à se mobiliser pour voter massivement et surtout à sécuriser les votes. La victoire est possible.
Dieu est imploré pour le soutien à la vérité et au droit. Ameen !
Sény Facinet SYLLA
Ex. Secrétaire Général Adjoint
des Affaires Religieuses