Dans la perspective d’impliquer toutes les catégories sociopolitique en vue d’une transition civilo-militaire, la junte au pouvoir depuis trois semaines, a ouvert ce jeudi 10 septembre des journées de concertations dans la capitale Bamako. Pendant trois jours les participants répartis en cinq groupes de travail formés pour les travaux vont définir une feuille de route pour une transition inclusive et acceptable des maliens.
Les journées de la concertation nationale sur la transition au Mali ont débuté à Bamako avec la présence des nouvels hommes fort du pays. Le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, a présidé à la cérémonie d’ouverture de la rencontre qui va durer trois jours et qui regroupe environ 500 personnes. Après la distribution des documents pour fixer le cap des travaux, les discussions ont commencé. Cinq sous-groupes ont été formés, les débats sont animés.
Petits soucis d’organisation au début avant que le chef de la junte le colonel Assimi Goïta ne fasse son entrée dans la salle pour la cérémonie d’ouverture. Un très court discours d’environ cinq minutes.
La présente concertation est donc l’occasion pour les forces vives de la nation de discuter des préoccupations du moment et de l’avenir.
Les travaux commencent après son départ. Un projet de feuille de route de la transition est rendu public, cinq sous-groupes de travail crées. La parole se libère. Un ressortissant de Gao prend le micro : « Nous voulons rien que la sécurité », martèle-t-il. Dans la salle, un tonnerre d’applaudissements.
Le président de séance rappelle les uns et les autres au calme. Les débats sont aussi passionnés sur les réformes institutionnelles et politiques. Sur la bonne gouvernance également et l’organisation des futures élections.
Au centre international de conférence de Bamako, on a également assisté à des dissensions au sein du Mouvement de contestation M5 qui a contribué à la chute de l’ancien président IBK. Une frange du mouvement veut un militaire à la tête de la transition et l’autre frange insiste : un civil ou rien du tout.
Grand absent de ses concertations, la Coordination des mouvements de l’Azawad. La CMA avait déjà boudé la première journée de discussions, samedi. Elle regroupe plusieurs mouvements armés signataires de l’accord de paix d’Alger et souhaite être reconnue par les militaires au pouvoir comme un partenaire de premier plan. Et regrette de ne pas avoir à ce titre rencontré en bilatéral la junte, qui a pourtant reçu la plupart des acteurs maliens qui comptent. Plusieurs tentatives de tête à tête CMA/CNSP ont finalement échoué. Almou ag Mohamed, porte-parole de la CMA la coordination des mouvements de l’Azawad :
Nous voulons prendre toute la place qui est la nôtre dans un processus qui nous concerne au plus haut degré. Par contre, là nous avons l’impression de courir derrière un processus concis, validé, en cours d’exécution sans nous alors que la CMA a clairement signifié qu’elle ne saurait s’associer à un processus qui n’est pas préalablement issu des concertations participatives et consensuelles.
L’absence de la CMA
Pour le sociologue et membre de la commission scientifique Mahamadou Diouara, trois enjeux se dégagent de ces concertations. « D’abord, la stabilité de la transition, explique-t-il au micro de Coralie Pierret. Parce que je pense que si les différentes composantes des différentes parties maliennes ne s’accordent pas sur la forme, les priorités, les structures de la transition, et le mode de désignation d’un responsable de ces différents organes de la transition, alors on risque de tomber dans une période d’instabilité. »
« Le deuxième enjeu, c’est de pouvoir avoir un consensus national autour de cette transition afin de faciliter les dialogues avec la communauté internationale. Certes, la transition ne sera pas dirigée par des acteurs élus comme le président de la République, mais ces organes et ces dirigeants seront issus d’un consensus sur la base de ces concertations. Le troisième enjeu, c’est la sécurité. Notre pays est plongé dans une crise sécuritaire profonde, et cette concertation nationale devrait nous permettre de poser les bases pour un dialogue apaisant, pour s’attaquer aux questions sécuritaires. »
Afriquevision avec RFI