Des jeunes guinéens militants des partis politiques ont une vertu, qui les tient et qu’ils ne partagent qu’avec ceux qui se cherchent dans un monde sans baromètre moral. Attaques verbales qui frisent avec des injures contre X ou Y et défense hypocrite des supposés intérêts d’une communauté ou d’une région. Cette vertu-là, ils la caressent et la tiennent par l’oreille pour s’assurer de son efficacité perpétuelle. Dans ce piteux théâtre juvénile, des jeunes, probablement, à la recherche du honteux quotidien, sont devenus le Peuple et le Troupeau de cette vertu qui inondent la prairie d’une Guinée qui n’en a pas besoin.
Mais cette vertu est devenue si familière qu’elle ne réponde plus aux nécessités du débat d’idées pour un développement harmonieux et complémentaires des différentes régions naturelles du pays. C’est une vertu de peu d’intelligence qui ne mène pas aux terres des paradis tant rêvées par les ancêtres de nos parents et qui n’est pas du sens commun du brassage ethnique et culturel dont nous devrions symboliser pour toujours.
Si je loue la fidélité de ces jeunes à leurs Maîtres (sans oublier que la révolte est la noblesse de l’esclave) en même temps, je trouve que leur vertu-là est devenue un mal issu des passions qui peuvent conduire à une fin suprême de la cohésion sociale, pourtant séculaire. Face aux faits et gestes d’un leader politique guinéen, certains de mes frères et sœurs militants, communicants de divers bords, sont de la race des colériques ou des voluptueux, des sectaires ou des vindicatifs. J’ai peur de ce poison-là !
Parce qu’à un moment de l’histoire, j’ai été cet oiseau qui voulait se construire un nid auprès d’un tel cercle vicieux (inutile de dire que l’aimais) et paff ! Me voici obliger d’abandonner là, mes œufs dorés (j’étais si ignorant des verbes transitifs indirects mais ce bref séjour m’a enseigné qu’en sociologie des comportements politiques, le verbe « participer » est irrégulier à la 3ème personne du pluriel). Et depuis, je développe l’envie et la méfiance.
Mes frères et sœurs, des philosophes disent que c’est une distinction que d’avoir beaucoup de vertus, mais c’est un sort bien lourd, il en est qui sont allés dans le désert et qui se sont tués parce qu’ils étaient fatigués d’être le champ de bataille des vertus.
Sans contestation, il est épuisant voire horrible d’être un centre de conflits. Alors que le parti politique l’est. Une telle réalité est conjointement une valeur politique et un terrible épicentre de la calomnie, colère, haine et jalousie. Ne prêtons donc pas les oreilles à la mélodie du syndrome qui détruira la beauté de cet héritage légué par les ancêtres de nos parents.
Et dans notre volonté de puissance, rappelons-nous sans cesse, qu’à l’époque de la tragédie grecque, les initiés de l’Agora savent que, « celui qu’enveloppe la flamme de la jalousie, pareil au scorpion, finit par tourner contre lui-même le dard empoisonné ».
Chers frères et sœurs prenons le courage pour « prénom » contre la facilité. Car le courage chasse les fantômes du désespoir et de l’échec ! A toi communiquant de parti politique qui demeurera mon compatriote (quoiqu’il arrive), je te réitère, humblement, que de cette vertu-là, tu périras !
Enfin, au peuple bien-aimé de la Guinée, rappelles-toi de cette sagesse des temps immémoriaux (que certains historiens situent à l’âge de la Palabre africaine), qui veut que dans la montagne, le plus court chemin aille d’un sommet à l’autre ; mais pour suivre ce chemin il faut avoir des longues jambes.
Et pour ma part, chers valeureux aînés, voici que le plomb de ma faute pèse encore sur moi, ma pauvre raison est engourdie dans la mélancolie et paralysée par mon introversion dans un monde extraverti. Ainsi, tuez en moi, s’il vous plaît, tout venin de jalousie !
Akoumba Diallo