La Guinée et la Côte d’Ivoire n’ont jamais connu le transfert du pouvoir d’un président sortant à un président élu à travers une cérémonie de passation de service.
Alors voilà le meilleur bilan qu’Alpha Condé et Alassane Ouatara auraient présentés à leurs peuples respectifs dans la mesure où ils ont tous été victimes des manœuvres dilatoires de confiscation du pouvoir.
En effet, le problème étant fondamentalement structurel, ces deux pays ont la similitude d’avoir construit, depuis l’indépendance, un système politique autocentré autour et à l’image de ses premiers Présidents (homme-État, homme-Peuple, Parti-Etat…).
Un tel système ne favorisant pas la démocratie et l’alternance apaisée, fait de la violence et la manipulation politico ethnique, les principaux moyens d’accession et de gestion du pouvoir politique. Un jeu à somme nulle où la conquête et l’exercice du pouvoir représentent un enjeu de survie, de protection ou de vengeance pour la communauté ethnique du leader.
Par contre, le Ghana à travers le leadership de Jerry Rawlings a rectifié la trajectoire en mettant en place un dispositif institutionnel au-dessus des “hommes providentiels” et un état d’esprit citoyen favorisant la consolidation de la démocratie.
Le Sénégal aussi a eu la chance d’avoir Léopold Sedar Senghor qui a vite compris qu’il fallait préparer et responsabiliser la relève en mettant l’accent sur la qualification des ressources humaines et la conscientisation des citoyens pour en faire les éternels gardiens de la démocratie.
La Guinée et la Côte d’Ivoire semblent avoir raté une nouvelle fois l’opportunité, après celles des transitions militaires, pour la rectification indispensable. Alors, elles attendent encore leur leadership visionnaire, intègre et responsable pour bâtir les véritables bases et garanties de stabilité et de développement.
Aliou BAH
Président de l’organe provisoire du MoDeL