Tribune. Voilà la preuve de son aveuglement volontaire dans un de ses récents éditoriaux (paru le 27 juillet dernier) où il écrit notamment : « Une dictature, disait Georges Clemenceau, est un pays dans lequel nul n’a besoin de passer la nuit devant son poste de radio pour apprendre le résultat des élections. »
À cette aune, poursuit-il, indubitablement, l’Afrique n’est plus ce continent où voter revenait à̀ parier sur une course à un seul cheval, quand tout, y compris les taux de participation mirobolants, était préfabriqué. De la Guinée à la Centrafrique en passant par la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Niger, aucun des cinq scrutins présidentiels de ces cinq prochains mois ne peut être considéré comme joué d’avance.
La conclusion est claire, à force d’être l’hôte de marque des chefs d’État africains et d’être amis de longue date à certains parmi eux, François Soudan a fini par épouser leurs idées et idéaux au point d’en être le fidèle messager dans la presse internationale à travers Jeune Afrique (JA) où il est directeur de la rédaction depuis treize ans.
Pourtant, ce journaliste à la plume fertile et agréable à lire a bercé des générations de jeunes africains à la recherche de repères dans ce noble métier de journalisme, ainsi que tous ces nombreux lecteurs intéressés par les nouvelles du continent.
François Soudan a aussi perdu comme ces chefs d’État africains qu’il adule, tout contact avec les préoccupations élémentaires des populations africaines. Il est tombé dans la partisannerie pure et simple, la seule chose qui lui reste est de porter haut et fort les couleurs des dictateurs qu’il défend à tout prix en Afrique.
Il a fini par prendre ses propres opinions pour de la réalité. Il a attrapé ce que les psychologues appellent le syndrome de Stockholm. C’est-à-dire qu’à force de fréquenter régulièrement ces potentats africains, François Soudan a fini par développer à leur égard une certaine empathie, voire sympathie manifeste. Il interprète mal les dynamiques sociales et politiques à l’intérieur des pays africains, il met à̀ profit sa position de journaliste pour se livrer à̀ des pratiques qui n’honorent pas sa profession. Il est devenu un vendu pour ainsi dire.
Il est devenu l’agent de communication de ces chefs d’État dans les médias, il ne fait plus du journalisme mais de la communication politique. Tout ceci n’est pas mal en soi, mais il doit pour des raisons de déontologie et de cohérence propres à̀ ce métier, changer de direction, se déclarer alors ouvertement comme étant un agent de communication politique, car c’est un art dans lequel il excelle et il doit l’assumer de manière à lever toute équivoque dans l’esprit de ses lecteurs.
Dans un dossier du journal le Monde daté du 11 décembre 2015, consacré à ce soi-disant ‘’journaliste’’ qui ne fait plus du journalisme, un de ses confrères de JA écrit ceci : « Il a fait le choix des dirigeants, pas celui des sociétés civiles ».
Dévisagé par la presse internationale et par ses propres confrères comme un journaliste partisan et orienté, il doit savoir qu’il a ainsi perdu toute sa crédibilité, chose sans laquelle on ne peut nullement lui faire confiance malgré sa belle plume.
Aboubacar Fofana, ing