Le monde a entamé une nouvelle révolution, une de celles qui n’a rien à voir avec sa course céleste. Il se mobilise pour le courant Black Lives Matter avec une force rarement égalée, même si son combat ne sera pas réglé demain, mais il le sera, ce mouvement est des plus importants à mes yeux. Il symbolise l’avenir, le futur vers lequel nous tendons tous.
Voilà ce que nous offre le monde aujourd’hui ou l’humanité, voilà que nous pouvons de nouveau espérer. Mais lorsque nous posons les yeux sur l’Afrique, nous, continent qui a fait naitre l’humanité, qui l’a laissée grandir pour qu’elle puisse croitre à travers le reste du monde, nous devons nous interroger.
Nous, peuple berceau du commencement, du cheminement, nous offrons tout autre chose. Nous offrons une promesse du passé, une promesse née de la peur et de l’incompréhension et du rejet. Un rejet total de tout ce qui nous ferait progresser.
L’Afrique de l’Ouest particulièrement, qui est ravagée, sinistrée, en perte de repères. Aujourd’hui, nous sommes frappés par des luttes idéologiques, ethniques, des poussées extrémistes qui enflamment nos régions et tuent nos populations.
Nous, africains de l’Ouest, sommes en train de perdre le combat du progrès en nous tournant vers des leurres. Comme au Mali et ceux qui se tournent vers l’Islam politique. Nous tentons de sortir du joug des grandes puissances et gardons pourtant leur modèle et proposons un simulacre de politique digne d’un comice ou d’un théâtre du grotesque. Notre salut ne doit venir que de nous-même.
Mais il ne s’agit pas de nous tourner vers le pire. Il ne s’agit pas de retrouver nos dictatures, nos mollahs du moyen-âge. Alors que nous devrions construire une force économique panafricaine nous proposons de nouveau l’obscurantisme. Que croit-on trouver dans une société d’inégalité, à l’heure où tous marchent à l’unisson dans le reste du monde ? Quand on suit un homme qui négocie avec le terrorisme ou qui œuvre pour le retour à la charia ?
Nous avons suivi de mauvais modèles par le passé. Mais retourner à la peur primale de l’autre, museler les femmes, et nier le progrès c’est perdre de nouveau plus de cent ans à ne pas croire en nous-mêmes. Que le Mali ne s’y trompe pas, aujourd’hui, suivre cette voie c’est s’exclure du testament humain et de notre époque. C’est nager à contre-courant de l’humanité et d’une époque qui s’éveille de nouveau à une force d’égalité.
Certes, la politique et ses systèmes ont des rouages grippés, compliqués et qui semblent surannés. Pourtant c’est à nous de nous construire et d’offrir un pouvoir qui n’oublie personne et n’en favorise aucun. Car l’unité ne se fait pas sans égalité.
Nous devons dès à présent chercher à reconstruire l’Afrique et nous-mêmes et avec nos moyens mais toujours tournés vers l’avenir et à l’unissons. Nous n’avons pas perdu ce qui faisait de nous des hommes de demain et n’avons pas besoin de nous tourner vers le passé et vers l’Islam Politique. Parce que nous ne voyons pas notre avenir avec discernement nous le mettons entre les mains de prêcheurs. Mais l’avenir n’a rien de mystique, il n’est que le fruit du travail et du progrès.
Il est vrai que sans la foi nous ne pouvons rien, mais le pouvoir n’a pas besoin de religion, seuls les lâches ont besoin des secours de la religion pour gouverner, disait Mustafa Kemal. Il est pire qu’un lâche, c’est un homme qui anéantit notre marche vers le progrès et l’harmonie.
Nous devons reprendre foi en nous et en l’avenir, nous faire confiance, nous lever de ce berceau et rejoindre la force du progrès que le monde réclame à cors et à cris.
Nous sommes l’Afrique et notre responsabilité n’est pas de nous enfermer dans le doute et la peur de l’autre, dans l’obscurantisme.
Il ne s’agit pas de lancer une révolution dès aujourd’hui, mais en nous détournant de ces hommes rétrogrades et dangereux nous offririons ce que le mouvement BLM offre au monde : l’Espérance et la foi en l’avenir.
Ahmed Kourouma
Président du F.N.G