« Le pouvoir rend fou, le pouvoir absolu rend absolument fou.» Bertold Brecht
Fou, fou, fou, Alpha est devenu fou ! Beaux dans la chanson, cruels dans la réalité, ces mots traduisent parfaitement la psychose que vit la Guinée. Un président sénile, une politique gouvernementale manifestement atteinte de la maladie d’Alzheimer, rien ne va plus au pays de Camara Laye et de William Sassine !
Ce n’est plus un euphémisme, nous sommes en pleine dictature. L’arrestation de Sékou Koundouno et de Ibrahim Diallo en est une preuve éclatante. Des milices sillonnent nos rues, la nuit. Des hommes encagoulés rôdent autour de nos domiciles. Ils kidnappent, torturent et tuent à leur guise. Personne pour réagir, personne pour s’indigner !
Notre démocratie est devenue une coquille vide. Nos lois sont foulées au pied. Toutes nos institutions sont caporalisées. Les ministres, le président de l’assemblée, de la Cour Constitutionnelle, les militaires, les gendarmes, les policiers, les magistrats, tous ne sont que des sbires aux ordres. Tout le monde roule pour le chef. La Guinée peut crever, ils n’en ont rien à foutre. Pourvu qu’ils se remplissent les poches, pourvu qu’ils s’empiffrent de diamant et d’or, de bauxite et de fer !
Au moment où j’écris ces lignes, personne ne sait où se trouvent Koundouno et Diallo. Personne ne sait quel calvaire, ils sont en train d’endurer. Ce que je sais, moi qui les connais bien, c’est que rien, ni l’humiliation ni la torture, ni la faim, ni la soif ne sauront entamer leur détermination à mourir s’il le faut pour les principes qui les animent : la beauté de la démocratie et la dignité de leur peuple.
Koundouno et Diallo sont des guerriers. Ce sont des patriotes. Ils sont prêts à consentir tous les sacrifices. Ils ont une claire conscience du sens de leur lutte. Ils savent que ce régime est faible. Ils savent que ce régime est aux abois. Bornés et cupides comme tous les despotes, ses dirigeants ont fini par se mettre le monde entier à dos. Il est à bout de souffle.
Et ce ne sont pas les discours haineux et la répression aveugle qui le sauveront !
Tierno Monénembo