L’étau se resserre sur le régime de Conakry, pour qu’il s’engage à organiser des élections inclusives et libres. La démocratie, c’est d’abord cela. Il ne suffit pas d’avoir des dizaines de formations politiques, des dizaines de groupes d’informations, des élections de temps en temps qui, généralement sont toutes entachées d’irrégularités, que seuls des observateurs/mercenaires (grassement payés par le régime) peuvent qualifier de normales.
Pour des élections crédibles, cela prend un fichier électoral réel ; pas comme celui que la Commission électorale nationale indépendante (Céni) de Guinée a produit cette année et qui devrait servir pour toutes élections à venir dans le pays, notamment la présidentielle d’octobre prochain.
Les explications données par le Président de la Céni, Me Amadou Salif Kébé, et les arguments développés par Mme Camara, Zenab Touré, Directrice du Département Fichier électoral, ne tiennent pas la route. Le premier reconnaît que certaines personnes se retrouvent avec plus d’une carte électorale mais, pour lui, cela ne peut entacher les résultats. Plus encore, selon lui, tous les fichiers à travers le monde sont perfectibles. Dans un passé récent, il avait déjà cherché à nier les nombreux enrôlements de mineurs sur le fichier électoral.
Quand à la Directrice Zenab Touré, elle ne convainc toujours pas sur le fait que la particularité du fichier électoral guinéen, qui compte plus de la moitié de la population, constitue une anomalie pour un pays dont environ 70 pour cent de la population est âgée de moins de 35 ans. Et elle s’embourbe lorsqu’elle explique le gonflement des électeurs dans des régions ou le Rpg arc-en-ciel, s’appuyant sur l’administration, peut ‘’fabriquer’’ des résultats à la nord-coréenne.
En Guinée, quelques années seulement après l’indépendance du pays, en octobre 1958, le terme anti-guinéen a été créé pour désigner tous les opposants au système du parti/État. Hier, c’était le PDG, puis le PUP. Aujourd’hui, est anti-guinéen tous ceux qui, hommes, femmes, de tous tout âge, ne veulent pas du referendum devant se tenir le 1er mars prochain ; dans 2 semaines.
Une opération électorale sans suspens car, dit-on dans les milieux du FNDC, «les résultats sont déjà préparés. Les ordinateurs ont été calibrés en faveur d’une nouvelle Constitution et une assemblée avec au moins les deux tiers des députés issus du Rpg arc-en-ciel du Professeur Alpha Condé».
Aujourd’hui, ne doivent être qualifiés d’anti-guinéens et d’anti-Guinée que les promoteurs et partisans de la nouvelle Constitution et des élections, que des analystes de l’actualité sociopolitique guinéenne, préfèrent qualifier de nominations législatives. Ils savent que les populations, comme elles le font depuis les législatives de 2013, qui étaient les premières élections, toutes catégories confondues, à se tenir sous Alpha Condé, veulent une autre manière de gestion des affaires publiques guinéennes.
A la place de recruter dans l’Armée (y compris la Gendarmerie) et les services policiers n’était-il pas plus urgent et nécessaire de procéder à l’embauche des contractuels dans l’enseignement, qui est une des revendications du syndicat des Enseignants et chercheurs de Guinée ? Il est impossible d’organiser des élections lorsqu’une frange importante des membres de la Commission électorale dénonce, preuves à l’appui, des dysfonctionnements qui compromettront les résultats.
Actuellement, il est impossible d’organiser des élections justes, démocratiques. La presse guinéenne, quotidiennement, le démontre. C’est du côté des magistrats que tous les freins sont appuyés. Ils ne disent et n’appliquent pas le droit. Me Amadou Salif Kébé est de cette corporation, dont certains membres pensent plus à leurs comptes en banque qu’aux contenus des textes de lois. Si les affrontements annoncés par Alpha Condé se réalisent, ces magistrats auront une grande part de responsabilité.
Si les magistrats étaient patriotes, nul n’oserait violer la Loi ; nul n’oserait agresser, tuer, torturer son prochain. Comme la presse et des organisations de défense le font très régulièrement la corporation de magistrats devraient rappeler ses membres défaillants à l’ordre.
Être anti-guinéen et anti-Guinée est commettre tout acte nuisible à la paix sociale en Guinée, comme organiser des élections conflictuelles.
Ibrahima Sory BALDÉ