La localité de Fria située à 135,8 km de la Capitale Conakry traverse un désastre environnemental depuis plusieurs mois. La cité minière à l’ouest du pays est en proie à une pollution à outrance, causée par l’exploitation des substances minérales de la compagnie russe d’Alumine (RUSAL/Friaguia).
Le phénomène qui ne fait que surgir ne date pas d’aujourd’hui. En réalité, cette nouvelle fissure environnementale est la suite de l’inertie de l’entreprise minière et le gouvernement guinéen. La compagnie du Kremlin qui exploite les minerais de bauxite dans cette préfecture depuis plusieurs décennies n’a pas jamais procédé aux études d’impact environnemental et social, assorti d’un plan de gestion, ni avant l’installation de l’usine, la relance encore moins pendant l’extraction. Les autorités n’ont pas également joué leur rôle de contrôle pendant toutes les phases.
Malgré les huit engagements pris par le pouvoir en 2015, lors de la COP21 de Paris, sur le climat, dont d’ailleurs le septième point indique que l’Etat guinéen s’engage à favoriser l’exploitation de ses ressources minières conformément aux normes environnementales, la dérive écologique continue de couler d’encre et de salives.
Outrée par cette lèpre planétaire, l’ONG Action Mines Guinée a dénoncé cette pratique destructive de la zone bauxitique et ses environnantes.
Dans un communiqué ci-dessous, l’organisation qui œuvre pour la bonne gouvernance des ressources minières en Guinée se dit préoccupée par la pollution environnementale et sociale à Fria
La préfecture de Fria est envahie depuis la nuit du 17 novembre 2019 par une pollution atmosphérique. Cette situation est due aux activités de la compagnie Rusal/Friguia, dont la raffinerie d’exploitation aurait eu des problèmes « au niveau des battages des fours ». Depuis, Action Mines Guinée suit avec regret cette situation qui se perpétue jusqu’à date dans cette localité minière où aucune solution idoine n’a encore été trouvée.
Selon différentes sources locales, des nuages de poussières se déposent sur toutes les surfaces : sols, bâtiments, feuillages, cultures, engins, etc. et ont occasionné la maladie de plusieurs personnes.
Le Directeur général adjoint de Rusal/Friguia, M. David CAMARA, qui a eu un entretien avec une mission du ministère de l’environnement, des eaux et forêts, a expliqué : « Certains équipements de l’usine datent de longtemps et les usines qui les fabriquaient n’existent plus pour la commande de nouveaux équipements de rechange. Même quand vous faites des recherches sur le net. C’est pourquoi RUSAL est obligé de les entretenir et les mettre à l’essai ».
Action Mines Guinée estime que cette situation que traversent les communautés de Fria est une préoccupation qui doit être gérée à travers les instruments juridiques mis en place par l’Etat Guinéen (code minier et code l’environnement).
Au regard de cette situation, Action Mines invite la compagnie Rusal/Friguia, à respecter ses engagements, notamment le titre 2 « mesure de gestion environnemental », de son Plan d’Action Environnemental et Social, dont l’une des mesures est : « La mise à l’arrêt des chaudières les plus anciennes datant de 1960 (n° 1, 2 et 3) et remplacement par trois unités modernes ».
Nous interpellons les autorités guinéennes, les ministères des mines et de la géologie et celui de l’Environnement, des eaux et forêt, à contraindre la société à trouver de solutions immédiates au problème qui impacte dangereusement l’environnement et la santé humaine.
Nous exhortons les citoyens à suivre les mesures sanitaires conseillées par les professionnels de la santé.
Action Mines Guinée réitère son engagement à poursuivre la sensibilisation auprès des citoyens afin de créer un environnement favorable aux investissements et pour un avantage partagé entre les différentes parties prenantes.
Pour rappel en 2018, nous avions produit cet article ci-dessous pour s’imprégner de l’état de relance annoncé à l’époque en pompe par Alpha Condé et ses adeptes.
Fria, après la fermeture de l’usine, quelles sont les conséquences environnementales ?
La fermeture de l’usine d’alumine dans la préfecture de Fria, en avril 2012 a entrainé des fissures économiques, politiques, socioculturelles et environnementales. Cette industrie minière qui contribuait à la croissance économique de la Guinée en général et en particulier, la zone de Fria a laissé de séquelles environnementales à savoir la destruction du couvert végétal, de la mangrove, mais aussi de la biodiversité.
La détérioration environnementale constitue souvent une source de conflit dans les zones minières. A l’alentour de l’usine, le constat est alarmant, l’évacuation du cyanure via de gros tyos, a provoqué une pollution massive des lits de cours d’eau, ainsi que la délocalisation de certains habitants non loin de la zone d’épurage des produits toxique de l’industrie.
Pendant l’exploitation
Le cauchemar dans cette cité industrielle, les études d’impact environnemental et social n’ont pas été faites avant l’installation de l’usine. Une situation qui viole systématiquement des principes élémentaires d’un projet minier, d’où une atteinte grave à la législation minière du pays. Le non-respect de cette disposition créer souvent des conflits entre la société Russal et les communautés riveraines, a indiqué M.Tolno Tamba Maurice chef section environnement à la direction préfectorale de l’environnement de Fria.
Les normes environnementales n’étaient pas respectées, les champs agricoles, les plantations et les villages étaient envahis par les carrières et les eaux de ruissellement. A l’époque ce phénomène avait irrité les citoyens de ces zones. Mais selon, M.Tolno suite à ce problème, son service et les cadres de la préfecture ont réussi à régler ce malentendu entre les deux entités.
Dans les années 2008 « Nous avons mis en place une commission mixte, composée des cadres de la préfecture, également de la direction de l’environnement, la société Russal ainsi que les communautés. Celle-ci était chargée d’enregistrer toutes les plaintes environnementales, les évaluer avant de procéder à la compensation, conformément à la loi ». indique-t-il
La commission partait aussi dans les quinze villages impactés par l’exploitation pour faire des constats. Après cette phase, ces communautés étaient consolées à la hauteur de dix à quinze millions de francs par an, souligne le chef section environnement à Fria.
A l’en croire, chaque année la société Russsal Friguia procédait au reboisement des carrières, elle avait mis d’ailleurs à la disposition du village de Kondécourré 30 hectares d’anacarde et les techniciens du domaine environnemental assistait ces villageois à l’encadrement de ladite plantation. Voilà comment la gestion de la crise environnementale a été faite, pendant que l’usine fonctionnait.
Le temps de l’arrêt de l’usine de Friguia
La fermeture de toute industrie minière laisse des mélancolies environnementales. Dans cette localité bauxitique, le visage de la sphère environnementale reste à désirer, les espaces censés être des zones agricoles n’ont pas connue une restauration comme prévoit l’article 144 du code minier guinéen.
Alors que selon, M. Tolno, chef section environnement de la zone, la société Russal s’acquitte du principe pollueur payeur, même pendant l’arrêt de la production, égraine. Paradoxalement la réalité du terrain prouve que ce fonds ne semble pas aller là où il faut.
Pour la relance de l’usine
Les autorités environnementales entendent boucher tous les trous pour que la compagnie minière fasse une étude d’impact environnemental et social, qui sera suivi d’un plan de gestion avant la reprise des activités prévue en avril 2018, même si pour l’instant elles n’ont été saisie par Russal pour une éventuelle étude.
Outre, c’est de mettre en place une stratégie de gestion des carrières pour éviter la pollution du grand fleuve de Konkouré, mais aussi reboiser des carrières non restaurés, histoire de favoriser le développement du secteur agricole.
Mamadou Diallo pour afriquevision.info
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